Manoel de Oliveira : 102 ans, 80 de cinéma 11/12/10

102 ans et toujours l’envie de croquer la vie à pleines dents : le cinéaste portugais Manoel de Oliveira fête son anniversaire ce samedi.

Interrogé jeudi à Porto lors de la présentation de son dernier court-métrage, le doyen des réalisateurs a confié “avoir encore plusieurs films à faire”. Il a déjà deux long-métrages en phase de production et des projets plein la tête.

Son dernier court-métrage s’inspire d’un tableau portugais du 15ème siècle dépeignant la société à l‘époque des Grandes découvertes.

Manoel de Oliveira a tourné son premier film en 1931. Son dernier long métrage, “l‘étrange cas d’Angélique” a été présenté en mai dernier au festival de Cannes.

Ses 80 ans de carrière, il estime les devoir à la chance et à une énergie venue des astres.





« Un phénomène. » Cette Étrange affaire Angelica, c’est le septième film qu’elle tourne avec lui, comme chef-opératrice. Sabine Lancelin est admirative. De plus en plus : « Il y a chez lui une résistance physique et morale sidérante. »

Le « lui » en question? Manoel de Oliveira.

Le doyen mondial des cinéastes. À 102 ans,
il affiche encore, dans un conte fantastique, sa passion pour son art et sa foi en l’amour. L’étrange affaire Angelica, où un jeune photographe tombe amoureux d’une femme morte qui semble se réveiller devant son objectif, est la reprise d’un scénario qu’il avait dans ses cartons depuis… soixante ans. Parce que le temps n’a pas de prise sur l’enthousiasme, la liberté, du réalisateur portugais: « Il représente à lui tout seul une histoire du cinéma. »

« Attentif à la jeunesse »

Manoel de Oliveira est né treize ans seulement après la première séance publique de cinéma organisée par les frères Lumière, le 23 décembre 1895. De cette époque-là, il a gardé la passion d’inventer, la fantaisie de surprendre : « Il est très attentif au monde qui change, à la jeunesse. C’est la façon de rester vivant selon lui. »

Sur le plateau de tournage, l’équipe le retrouve chaque matin, « vers 11 h », présent et actif : « Il donne ses indications sur le programme de la journée, dit à chacun ce qu’il a à faire, puis on va manger. Toujours dans un esprit très convivial. Il y tient beaucoup. »

Comme il tient beaucoup aussi à la présence de ses proches autour de lui. Comme Ricardo Trêpa, son petit-fils et acteur fétiche. « Ça le rassure. Avec lui, tout se fait dans une ambiance artisanale et familiale. » Il en sera encore ainsi tout au long de son prochain long métrage, dont le clap de départ approche : « Il ne parle jamais de son âge. Il était très fier et heureux quand nous avons fêté son centenaire. Mais il ne s’arrête pas à ça. L’âge des gens, c’est le regard des autres. Lui, il est dans la vie. »